Pub comté

Et si le comté m’était contée – ÉPISODE 5 – 2021

Le Comté semble définitivement être hors sol dans cette publicité de 21 secondes. Ses qualités gustatives seules sont mises en avant. D’ailleurs, « connaissez-vous quelqu’un qui n’aime pas le Comté ? » demande derrière son piano la cheffe cuisinière, un chouia autoritaire. Miracle des constructions interronégatives qui présupposent leur réponse : ben non, Madame, on connaît pas…


Foin des vaches, des paysans, du grand air, des fleurs, des (belles) femmes aux robes floues portant des bouquets de fleurs sauvages… le Comté est désormais un produit coupé de tout « terroir », mot clé qui figurait dans plusieurs publicités d’autrefois.

Au moins, on a arrêté de nous mentir… les « milliards de fleurs » n’existent plus, de même qu’a disparu une partie non négligeable des affleurements rocheux de nos régions, rasés pendant les confinements. ☹


CG

Et si la pub du comté m’était contée – ÉPISODE 4 – 2012

Là au moins, dans cette publicité pour le Comté datant de 2012 (d’une durée de 16 secondes), il n’est plus question ni de fleur, ni de lait, et encore moins de vaches !

Même les agriculteurs et les fromagers ont disparu de l’image.

Quant aux mouillettes de Comté trempées dans un œuf, sur un élégant fond noir, elles s’activent toutes seules sans l’aide d’une main  humaine. Heureusement, quelqu’un (un ministre ?) veille sur ma santé, en me mettant en garde : « Pour votre santé, évitez de grignoter entre les repas ». Je suis soumise à deux injonctions contradictoires : d’une part, je dois surveiller ma ligne…  de l’autre, comment résister à ce mets offert à ma gourmandise (et à mon cholestérol) ? Je note l’abstraction du commentaire de la voix off : le Comté nous aiderait à « prendre de la hauteur »…

Bon, s’ils le disent à la télé, c’est que ça doit être vrai…
CG

Et si la pub du comté m’était contée – ÉPISODE 3 – 2010

Pastiche de la série de films d’animation L’Âge de glace, dont le 3e opus en 2009 s’intitulait Le Temps des dinosaures, cette publicité pour le Comté, datant de 2010 et d’une durée d’1 minutes 11, a vraisemblablement été conçue pour être projetée au cinéma.

Sur un mode enchanté, elle raconte l’arrivée sur terre, au temps des diplodocus et autres tricératops, d’une nouvelle espèce, la Montbéliarde, indispensable à l’invention du Comté. La voix off typique des films pour enfants enjôle et cajole le spectateur en évoquant les « milliards de fleurs du jura » dont les vaches se sont alors emparé pour « faire du bon lait ».

Des fleurs : où donc ? il y a dix ans, elles avaient déjà en grande partie disparu des pâturages jurassiens, sous le double effet des épandages réitérés de purin et d’intrants azotés… mais nous sommes dans un rêve, loin de toute réalité.

Qui a utilisé le terme de « publicité mensongère » ? ☹

CG

Et si la pub du comté m’était contée – ÉPISODE 2 – Les années 90

Sur le martèlement entêtant du mot Comté (comptez), évoquant une horloge comtoise, les publicitaires des années 1990 pénètrent dans la cave à Comté (premier spot, 14 secondes).

Mais, en extérieur (troisième spot), ils donnent aussi la parole à « Denis Michaud », jeune agriculteur qui déambule au milieu d’un magnifique troupeau de vaches à cornes, alors qu’à l’époque déjà, une grande partie des exploitants agricoles pratiquaient déjà bourgeonnages – chez les veaux – ou écornages – chez les vaches adultes. Rétroactivement, la filière Comté doit-elle être prise en flagrant délit de publicité mensongère ?


Observez le petit bouquet de fleurs des champs, déjà présent dans les publicités 20 ans auparavant. « Denis Michaud » le porte à ses narines, tout comme le fromager en sa cave à Comté, à qui sa (belle) femme en robe vaporeuse a apporté – gage d’amour ? – un assemblage désordonné de fleurs sauvages, vraisemblablement prélevées sur « les hauts plateaux du Jura » (deuxième spot). Le téléspectateur aurait-il affaire à deux esthètes en mal de beauté florale ? Le dit « Michaud » empêche cette interprétation farfelue, en soulignant les effets de l’ingestion des fleurs sur le fromage : le « secret du Comté », c’est « la bonne herbe du Jura et c’est cette flore naturelle si variée et si parfumée qui va donner au lait tous ses arômes »…

et aujourd’hui, au moment de la disparition plus qu’inquiétante de toute cette variété, qu’en est-il, qu’en sera-t-il du Comté ? Le temps lui est-il donc  compté, compté, compté, compté…, ? ☹


CG