Les membres du collectif « Pour les paysages du Massif Jurassien » travaillent activement à la préparation de l’après-midi du samedi 23 octobre. La Journée sera intitulé « Paysages du Massif jurassien, richesses à préserver ».
Retrouvez le programme complet : sorties terrain, chantier pierre sèches, conférences, expositions et buvette !
Le Comté semble définitivement être hors sol dans cette publicité de 21 secondes. Ses qualités gustatives seules sont mises en avant. D’ailleurs, « connaissez-vous quelqu’un qui n’aime pas le Comté ? » demande derrière son piano la cheffe cuisinière, un chouia autoritaire. Miracle des constructions interronégatives qui présupposent leur réponse : ben non, Madame, on connaît pas…
Foin des vaches, des paysans, du grand air, des fleurs, des (belles) femmes aux robes floues portant des bouquets de fleurs sauvages… le Comté est désormais un produit coupé de tout « terroir », mot clé qui figurait dans plusieurs publicités d’autrefois.
Au moins, on a arrêté de nous mentir… les « milliards de fleurs » n’existent plus, de même qu’a disparu une partie non négligeable des affleurements rocheux de nos régions, rasés pendant les confinements. ☹
Là au moins, dans cette publicité pour le Comté datant de 2012 (d’une durée de 16 secondes), il n’est plus question ni de fleur, ni de lait, et encore moins de vaches !
Même les agriculteurs et les fromagers ont disparu de l’image.
Quant aux mouillettes de Comté trempées dans un œuf, sur un élégant fond noir, elles s’activent toutes seules sans l’aide d’une main humaine. Heureusement, quelqu’un (un ministre ?) veille sur ma santé, en me mettant en garde : « Pour votre santé, évitez de grignoter entre les repas ». Je suis soumise à deux injonctions contradictoires : d’une part, je dois surveiller ma ligne… de l’autre, comment résister à ce mets offert à ma gourmandise (et à mon cholestérol) ? Je note l’abstraction du commentaire de la voix off : le Comté nous aiderait à « prendre de la hauteur »…
Bon, s’ils le disent à la télé, c’est que ça doit être vrai… CG
Pastiche de la série de films d’animation L’Âge de glace, dont le 3e opus en 2009 s’intitulait Le Temps des dinosaures, cette publicité pour le Comté, datant de 2010 et d’une durée d’1 minutes 11, a vraisemblablement été conçue pour être projetée au cinéma.
Sur un mode enchanté, elle raconte l’arrivée sur terre, au temps des diplodocus et autres tricératops, d’une nouvelle espèce, la Montbéliarde, indispensable à l’invention du Comté. La voix off typique des films pour enfants enjôle et cajole le spectateur en évoquant les « milliards de fleurs du jura » dont les vaches se sont alors emparé pour « faire du bon lait ».
Des fleurs : où donc ? il y a dix ans, elles avaient déjà en grande partie disparu des pâturages jurassiens, sous le double effet des épandages réitérés de purin et d’intrants azotés… mais nous sommes dans un rêve, loin de toute réalité.
Qui a utilisé le terme de « publicité mensongère » ? ☹
Sur le martèlement entêtant du mot Comté (comptez), évoquant une horloge comtoise, les publicitaires des années 1990 pénètrent dans la cave à Comté (premier spot, 14 secondes).
Mais, en extérieur (troisième spot), ils donnent aussi la parole à « Denis Michaud », jeune agriculteur qui déambule au milieu d’un magnifique troupeau de vaches à cornes, alors qu’à l’époque déjà, une grande partie des exploitants agricoles pratiquaient déjà bourgeonnages – chez les veaux – ou écornages – chez les vaches adultes. Rétroactivement, la filière Comté doit-elle être prise en flagrant délit de publicité mensongère ?
Observez le petit bouquet de fleurs des champs, déjà présent dans les publicités 20 ans auparavant. « Denis Michaud » le porte à ses narines, tout comme le fromager en sa cave à Comté, à qui sa (belle) femme en robe vaporeuse a apporté – gage d’amour ? – un assemblage désordonné de fleurs sauvages, vraisemblablement prélevées sur « les hauts plateaux du Jura » (deuxième spot). Le téléspectateur aurait-il affaire à deux esthètes en mal de beauté florale ? Le dit « Michaud » empêche cette interprétation farfelue, en soulignant les effets de l’ingestion des fleurs sur le fromage : le « secret du Comté », c’est « la bonne herbe du Jura et c’est cette flore naturelle si variée et si parfumée qui va donner au lait tous ses arômes »…
et aujourd’hui, au moment de la disparition plus qu’inquiétante de toute cette variété, qu’en est-il, qu’en sera-t-il du Comté ? Le temps lui est-il donc compté, compté, compté, compté…, ? ☹
Regarder aujourd’hui une série de spots télévisuels promouvant le Comté dans les années 1970 nous fait emprunter la machine à remonter le temps.
Plus que la réalité, l’imaginaire de l’époque s’y déploie : le Comté « au bon lait cru » y est vendu par un crémier, dont la boutique donne sur une place de village. Avant d’emporter un quart de meule, l’équivalent de 8 à 11 kg quand même, une (belle) cliente en imper mastic assure, face à la caméra : « Nous, on adore le comté ». Les spots tournés en extérieur sont les plus vintage… et sans doute l’étaient-ils déjà partiellement pour les téléspectateurs urbains des années 1970.
Juchée sur une bicyclette, une (belle) livreuse de Comté traverse au son de l’accordéon, champs et village, sous un soleil estival. Elle rencontre quelques habitants typiques de la Franche-Comté : un paysan, poussant des bêtes à cornes (oui, ce sont des vaches), un curé en soutane (Vatican II n’avait pas encore touché ces contrées reculées !) ou de jeunes footballeurs virilement alignés au bord d’un stade à regarder passer la belle.
Tous croquent à pleines dents le délicieux fromage en agitant leur tranche de Comté qui sonne comme une clochette. La voix off nous vante « l’herbe riche » et « les grands pâturages », tandis qu’un bouquet de fleurs multicolores illumine la meule sur laquelle il est posé.
Des fleurs fraîchement cueillies dans un pré voisin sans doute… à l’heure de l’extinction de la biodiversité végétale, on serait bien en peine aujourd’hui d’en cueillir un similaire ☹
Jura Nature Environnement, associé au Collectif pour les Paysages du Massif Jurassien, et avec le soutien de l’Office Français de la Biodiversité, organisent dès à présent et jusqu’au 30 juin prochain un concours photos afin de valoriser la richesse, la beauté et la fragilité des affleurements rocheux et leur intérêt dans le paysage et pour la biodiversité.
Objectif ?
Vous donnez l’envie de découvrir les affleurements rocheux qui vous entourent !!