« Quand nos paysages disparaissent… » : conférence et débat à Orchamps-Vennes

Murs, murgers, affleurements rocheux des paysages du Haut-Doubs sont au coeur d’un débat de société. La conférence « Quand nos paysages disparaissent… Murs, murgers, affleurements rocheux… » est organisée ce vendredi 10 novembre à la salle du foyer à Orchamps-Vennes à 20 heures par plusieurs associations de défense de l’environnement. Objectif : informer, débattre et amorcer le dialogue.

Isabelle Brunnarius – Lire la suite de l’article en cliquant sur le lien ci-dessous.

Les dolines

La formation des dolines – que l’on appelle aussi « emposieux » ou “creux“ – trouve son origine dans la dissolution du fond rocheux ou dans l’effondrement du toit d’une cavité sous-jacente.

De fins connaisseurs de la chaîne du Jura, habitués de longue date à parcourir monts et vaux, affirment qu’ils remarquent clairement que certaines dolines s’approfondissent d’année en année.

Les géologues le confirment : les dolines se creusent progressivement et témoignent, à leur échelle, de l’évolution du paysage.

Singularité paysagère, les dolines sont aussi des biotopes précieux pour certaines espèces végétales et certains animaux qui y sont associés, comme les papillons. Elles jouent également un rôle clé dans l’infiltration des eaux de surface dans le sol et donc dans les débits des rivières.

Anciennes décharges, comblement par des matériaux de démolition, abandon de déchets verts, disparition pour cause de nivellement,…les dolines sont également en danger de disparition. Les dolines sont donc souvent prises pour des poubelles. L’eau de pluie et de ruissellement percole directement à travers les déchets abandonnés dans les dolines.

Problème : dans le karst, les sols, qui jouent un rôle de filtre naturel, sont peu épais, voire inexistants dans les dolines. Cette absence de filtre facilite le transfert des éléments polluants vers le sous-sol et créé un danger d’atteinte à la qualité des eaux de sources captées en aval.

Le comblement des dolines et le nivellement du terrain abouti à un appauvrissement du paysage…

Merci de ne pas combler les dolines afin de préserver la diversité du paysage et leur fonction écologique et hydrogéologique.

Richesse de la faune et la flore

Les pâturages du Jura avec leurs bosses caillouteuses et leurs creux sont vraiment une spécificité de nos paysages. En plus de leur beauté intrinsèque, ils offrent des habitats riches en espèces de toutes sortes. Sur ces endroits, il s’y pratiquait une culture extensive qui permettait de conserver une importante richesse floristique et faunistique. Mais l’intensification des pratiques agricoles a changé la donne. L’utilisation du casse-cailloux reste la plus brutale de par ses effets irréversibles.

En peu de temps, les bosses, les affleurements rocheux et autres éléments karstiques, les haies, les murs et murgers si importants pour la biodiversité sont éliminés et le terrain complétement lissé. Bien que les premiers cas de girobroyage datent des année 1990, cette pratique est aujourd’hui méconnue, autant du grand public que de certaines autorités. Il est donc impératif de faire connaître ce problème autour de vous. On est surpris des réactions qui montrent un attachement fort à ce type de paysage si caractéristique de notre Massif Jurassien.

Jusqu’à présent, aucune loi ne règlemente vraiment l’utilisation du casse-cailloux. Un collectif de plusieurs associations régionales essaie de sensibiliser le public, de convaincre les instances décisionnaires, le monde agricole de la protection nécessaire de ces habitats. Mais le combat est âpre, d’autant plus qu’il n’existe pas à ce jour de données fiables sur :

  • l’ampleur des dégâts,
  • la richesse de ces milieux encore existant,
  • la réelle richesse biologique de ces endroits,
  • sur les effets agronomiques de la pratique du casse-cailloux,

Ci-dessous un petit montage vous montrant la richesse paysagère, faunistique et floristique des ces milieux

Les affleurements rocheux

Les affleurements rocheux du Massif Jurassien sont une particularité unique au niveau européen.

La variété des milieux, la mosaïque paysagère, l’exploitation traditionnelle des herbages caractérisent le Jura, un haut lieu encore aujourd’hui de la biodiversité. Pour autant, celle-ci connaît un recul massif ces vingt dernières années, notamment sous l’effet de l’intensification des pratiques agricoles.

La perte de biodiversité touche sérieusement notre région. Si l’on prend l’exemple des oiseaux, le taux d’espèces nicheuses menacées est de 40 % en Franche-Comté. C’est plus important qu’au niveau national. En Franche-Comté, le problème est plus important qu’en Bourgogne : 2 espèces nicheuses ont disparu en Bourgogne, 13 en Franche-Comté.

La part d’espèces « en danger critique d’extinction » est de 17 % en Franche-Comté, le double de la Bourgogne ! C’est dire s’il y a urgence à protéger la biodiversité de notre « grande » région, notamment dans sa partie montagneuse !

Pour qu’une espèce se maintienne, il faut non seulement que son habitat soit conservé mais également que les surfaces soient suffisamment vastes et connectées afin de maintenir une population et une diversité génétique suffisantes. Ce constat est à l’origine de la mise en place des trames vertes et bleues. La particularité des affleurements rocheux est d’être un écosystème discontinu, en « pas japonais » (taches dispersées). La destruction d’une seule des taches a un impact.

Uniformisation

L’alternance prairies de fauche (fleuries?) et pâtures parsemées d’affleurements, pré-bois, dolines, haies constituent un paysage remarquable propre au Massif Jurassien. Le modèle de pratiques agricoles qui se généralise conduit à l’uniformisation du paysage qui se banalise. Comment justifier de produits d’un terroir dans ces conditions, comment justifier d’un attrait particulier auprès de visiteurs ?