Casse-cailloux dans le massif jurassien : le dispositif du Doubs pourrait inspirer le Jura

« Depuis janvier, le dispositif mis en place dans le Doubs pour tenter d’enrayer le recours abusif au casse-cailloux et à l’arrachage des haies est en place. En demandant aux agriculteurs, collectivités et particuliers de déposer une demande préalable avant travaux, l’Etat veut apaiser les relations entre agriculteurs et défenseurs des paysages du massif jurassien. « 

Isabelle Brunnarius – Lire la suite de l’article en suivant le lien ci-dessous.

Western en Franche-Comté

L’arrachage des haies et la destruction des affleurements rocheux sont dénoncés par les médias nationaux !

Gilles Fumey, enseignant-chercheur en géographie culturelle à Paris à la Sorbonne, a rédigé un article qui traite des atteintes portées au Massif jurassien par les pratiques productivistes de certains agriculteurs peu scrupuleux en zone AOP. Il pose la question : « Des paysans délinquants ? »

Et conclut :

« On le voit, les agissements de quelques-uns ne sont pas une bonne publicité pour la filière Comté. Aura-t-on besoin des drones et de la maréchaussée pour les ramener dans le droit chemin ? Ne sont-ils pas capables de comprendre qu’ils abîment un outil de travail exceptionnel qui va fêter dans trois ans, en 2023, sept cent cinquante ans d’existence ? Aucune filière agricole au monde n’atteint ce record ! Qu’ils se le disent ! »

Son article est à lire !

Vous aussi, signez la pétition

  • une pétition a été initiée qui a déjà obtenu plus de 2.500 signatures. Vous pouvez toujours allez signer cette pétition avec le lien ci-dessous.

Considérant :

  • les propos du préfet du Doubs : « eu égard à l’impact potentiel sur les paysages et la biodiversité et in fine le lien avec la qualité des eaux de nos rivières, la nécessité d’encadrer l’usage du casse-cailloux semble donc claire » ;
  • le fait que les habitats liés aux zones d’affleurement rocheux sont classés « d’intérêt européen, classés prioritaires » ;
  • la demande du Conseil scientifique du patrimoine naturel de BFC : « rendre obligatoire la conservation des affleurements rocheux… sur les territoires agricoles du Haut-Doubs et du Haut-Jura »,

L’utilisation du casse-cailloux (ou broyeur de roches) pour détruire les affleurements rocheux dans les pâturages du massif jurassien s’intensifie année après année.

Pourtant ces milieux sont particulièrement riches en biodiversité, leur destruction est irrémédiable, ils sont transformés en banales prairies pauvres en faune et en flore.

Le passage du casse-cailloux est le symbole d’une pratique qui abîme et banalise les paysages typiques du Massif jurassien, chers aux habitants et aux visiteurs.

Avant qu’il ne soit trop tard, pour que nos enfants et petits-enfants puissent connaître et apprécier ces paysages qui constituent l’identité de notre massif, nous demandons au préfet de la région Bourgogne Franche-Comté l’application en urgence d’un moratoire pour protéger les affleurements rocheux et ainsi garantir la préservation de notre patrimoine commun.

Arrachage de haies et casse-cailloux : le préfet se fâche

Article de l’Est Républicain du 25 avril 2020

Joël Mathurin, préfet du Doubs, constate que l’utilisation de « casse-cailloux » par des agriculteurs, sans qu’ils n’en aient fait la demande, est en recrudescence depuis le début du confinement. Il promet des sanctions, ainsi qu’une surveillance accrue, notamment par drone.

« Depuis le début du confinement, des atteintes à l’environnement ont été signalées dans le département du Doubs. Les secteurs les plus touchés concernent les zones de plateaux et de montagnes ».

Une vingtaine de procédures depuis le 17 mars

Le préfet du Doubs se fâche et promet plus de sévérité. Dans sa ligne de mire, des agriculteurs du Haut-Doubs notamment : « Ces atteintes portent essentiellement sur des arrachages de haies et la destruction d’affleurements rocheux », écrit-il dans un communiqué, désignant ainsi l’utilisation, sans autorisation, des « casse-cailloux », ces engins employés pour augmenter les surfaces exploitables des terres les plus pierreuses. Une pratique depuis longtemps contestée par les associations environnementales, qui voient en elle la destruction massive d’espaces de biodiversité.

« L’Office français de la biodiversité, dès lors qu’il a connaissance de telles pratiques, se rend sur place dans le but de faire cesser le dommage causé à l’environnement et le cas échéant pour engager des poursuites à l’égard du fautif », poursuit le représentant de l’Etat. « A ce jour, plus d’une vingtaine de procédures ont ainsi été initiées depuis le 17 mars dernier ».

Des contrôles par drone

Pour autant, la préfecture dit assister « à une recrudescence de signalements ». Raison pour laquelle, Joël Mathurin a demandé que les contrôles s’intensifient encore, et a recommandé la plus grande fermeté dans le traitement des infractions. « Des contrôles par drone vont ainsi être diligentés pour caractériser finement les signalements et consolider les procédures », précise-t-il en dévoilant son arsenal répressif.

Il rappelle que la destruction des affleurements rocheux exige de se conformer « à un dispositif de demande préalable construit avec tous les partenaires ». Demande traitée « sous un délai d’un mois dans la grande majorité des cas ». L’équipe pluridisciplinaire composée de la DDT, de la Chambre d’agriculture interdépartementale et du conservatoire botanique naturel, restant « opérationnelle pendant le confinement, elle est en capacité d’instruire les demandes qui lui parviennent », détaille-t-il.

Le préfet demande en conséquence « à tous les acteurs (collectivités locales, exploitants agricoles,…) de se rapprocher des services de la Direction Départementale des Territoires , via le guichet unique de réception des demandes, pour déposer leur dossier de demande préalable d’intervention sur des affleurements rocheux ». Il appelle « au sens des responsabilités et au civisme de tout un chacun durant et après le confinement ».

Protection des affleurements rocheux : environnement et agriculture ont trouvé un accord (vidéo)

C’est assez rare pour être souligné. Dans le Doubs, défenseurs de l’environnement et agriculteurs, sous la houlette des services de l’Etat, sont parvenus à un accord pour préserver une des spécificités du massif jurassien, les affleurements rocheux.

Isabelle Brunnarius (Suite de l’article en cliquant ci-dessous)

Cartes postales

l’édition de cartes postales à envoyer aux préfets du Doubs et du Jura a été réalisée. Les  6000 cartes sont parties comme des petits pains. Gageons qu’un grand nombre est arrivé sur le bureau du préfet.

Lettre Info N°5

Un printemps bien triste pour les affleurements rocheux !

Ces derniers mois, dès la neige fondue, la ronde des casse-cailloux a repris de plus belle. Par dizaines, les interventions des engins ont aplani les prairies, les pâtures, détruit des haies, murs et murgers, pour les rendre « mécanisables », pour laisser place à un lotissement, une zone artisanale. Nos paysages se sont uniformisés, notre biodiversité en a pris un coup, des habitats remarquables, originaux ont disparu. Définitivement. A ce rythme que va-t-il rester de notre terroir ? Des images liées à nos AOC ? De notre capacité à nous sentir bien dans notre massif ? De notre contribution à la richesse faunistique et floristique ?
Depuis deux ans, la mobilisation grandit pour faire entendre notre demande : les affleurements rocheux, comme les autres particularités topographiques, doivent être protégés. Depuis le décret du 18 décembre 2018 relatif à la protection des biotopes et des habitats naturels, les préfets de département peuvent prendre un arrêté qui les protège.
Une course de vitesse est engagée pour empêcher les destructions d’affleurements que ce soit par certaines pratiques agricoles, urbanistiques ou d’aménagement du territoire.

Avant qu’il n’y ait plus rien à préserver !

Des associations interpellent les préfets du Doubs et du Jura

La Société Botanique de Franche-Comté, France Nature Environnement 25-90, Jura Nature Environnement, la Fédération Française du Milieu Montagnard, Natur’Odyssée Jura, Les Gazouillis du Plateau, le Conservatoire d’Espaces Naturels de Franche-Comté, l’Association de Protection du Val du Drugeon, Fleur de Terre, Murs et Murgers, patrimoine des montagnes du Doubs et d’ailleurs, Terrasses des collines bisontines et d’ailleurs ont écrit aux préfets du Doubs et du Jura pour leur demander de prendre l’arrêté de protection de l’habitat naturel que constituent les affleurements rocheux comme le décret du 18 décembre 2018 le stipule. C’est à eux que revient cette responsabilité !
Chaque citoyen.ne de la région ou d’ailleurs est appelé.e par le collectif « Pour les Paysages du Massif Jurassien » à s’adresser personnellement aux préfets des deux départements en envoyant une carte postale qui reprend la demande des associations. Voir ci-dessous.

Ça y est, elles sont là … Nos cartes postales !

Dossier des affleurements rocheux et particularités topographiques

Ce dossier est traité dans le cadre de la Conférence Départementale de l’Eau du Doubs (CDE) dans un atelier de travail dédié. Après une visite sur le terrain, une réunion s’est tenue pour en tirer les conclusions : une typologie des affleurements qui tienne compte des enjeux environnementaux et agricoles a été discutée et « les membres de l’atelier se sont accordés sur le principe de la mise en place d’une demande préalable obligatoire avant intervention mécanique sur un affleurement rocheux ».
Lors de la réunion de la CDE du 28 juin, en présence de la secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Ecologie et du préfet du Doubs, les conclusions du groupe de travail ont été validées. Pour le collectif PPMJ, il s’agit là d’une première avancée vers une protection des affleurements rocheux qui devrait normalement limiter les interventions mécaniques. Jusqu’à quel point ? L’objectif reste la prise d’un arrêté préfectoral (voir plus haut). Il y a urgence ! C’est pour cela qu’il faut un moratoire en attendant la formalisation des travaux de l’atelier.

Inventaires et cartographie des affleurements rocheux et de leur destruction

Rappel, vous pouvez nous faire parvenir par messagerie un descriptif et/ou l’image d’un fond de carte qui mentionne la zone ou les zones concernées. Maintenant que les travaux relatifs aux affleurements vont nécessiter une demande préalable, pour
permettre un suivi des opérations, le collectif PPMJ a besoin de l’appui du plus grand nombre d’habitants du massif pour connaître la réalité de l’application du dispositif mis en place. Pour cela, toutes les personnes attachées à la préservation de notre patrimoine naturel peuvent devenir des vigies. Si vous êtes volontaires, n’hésitez pas à prendre contact par mail paysagesmassifjurassien@lavache.com ou au 06 81 65 47 76

Une sortie, 20km, les photos valent mille mots

Le 23 mai 2019, j’avais pris mon vélo pour aller faire un petit tour pour me maintenir en forme.

Et puis paf, je suis tombé sur une petite haie qui avait été déracinée au bord de la route, plus loin c’est un vieux mur de pierres qui avait disparu et ainsi de suite… Pour vous faire une idée regardez les images ci-dessous. Elles ont toutes été faites en seulement 1h30 sur un circuit d’une vingtaine de km.

Les Écorces – Une haie en moins

Les Écorces – même endroit vu sous un autre angle

Les Écorces – un mur de pierres sèches qui disparait

Frambouhans – Une doline que l’on comble

Bonnétage – un autre mur en moins

Cerneux-Monnot – Une autre doline que l’on rebouche

Fournet-Blancheroche – Et une doline de plus… en moins

Fournet-Blancheroche – Une zone de bas marais en lisière de tourbière qui disparait.

Fournet-Blancheroche – Autrefois, ici, il y avait de nombreux narcisses.

Charquemont – Un petit coup de casse-cailloux

CO2 mon amour – France Inter s’intéresse aux casse-cailloux

Le 28 avril 2018, Denis CHEISSOUX, producteur à France Inter de « CO2 mon amour», avait consacré son mot d’humeur au problème de la destruction des affleurements rocheux par les casse-cailloux.

Vous croyez avoir tout vu, avec la déforestation à marche forcée des forêts primaires, l’extermination des insectes butineurs, les forages au forceps des schistes bitumineux, le bétonnage forcené des côtes à touristes ensoleillées, le colmatage par l’asphalte de milliers d’ hectares de bon humus fertile, l’éventration des terres agricoles jusqu’à l’os par les diaboliques charrues réversibles à quatre socs, les robots exterminateurs de grumes, les gyrobroyeurs, épareuses et autres monstres transformers géants  de science sans fiction …. Et bien régalez-vous, la réalité va encore plus loin, direction la Franche-Comté, magnifique territoire fait de cluses, reculées, de vignobles à ses pieds, de lynx, de résurgence plus en hauteur, d’absinthe, de lait, de bois, d’horlogerie et d’hommes .

Découvrez la fabuleuse efficacité destructrice du « casse-cailloux ». Un nom à priori sympathique sauf quand était un bagnard en partance de l’île de Ré pour les camps de la transportation de Cayenne ; mais carrément épouvantable quand on découvre, impuissant le résultat de son travail sur les prairies calcicoles semi-sauvages et fleuries du Jura…

En mai 2017, dans le Haut-Doubs, un agriculteur a passé plus de 4 hectares de prairie calcicole au casse-cailloux dont près du tiers classé en zone Natura 2000.

Le casse-caillou est un énorme tracteur très puissant avec la force de plein de chevaux francs-comtois dedans/ traînant un gros broyeur qui réduit les pierres en poudre. Le but : planter plus de trèfle et de ray-grass pour nourrir les vaches à comté. Ce qui entraîne la disparition des pelouses sèches et avec elles toute une biodiversité : les orpins, la gentiane jaune, le serpolet… mais aussi l’apollon, l’azuré du serpolet, une fourmi rouge, l’alouette lulu, la pie-grièche écorcheur… j’en broie et des meilleurs.  Sans parler du relief qui commence à ressembler à celui de la Beauce

Car il faut encore et toujours gagner sur l’espace naturel, raser même la montagne, pour nourrir les vaches qui produiront ce fantastique comté d’appellation un peu incontrôlée quand on apprend cela. Bref l’homme qui ne croit qu’en la technique peut être fiérot d’avoir pondu cette nouvelle arme de destruction massive lancée dans cette guerre incessante livrée à la nature : disparition quasi définitive de toute la faune et la flore qui s’y réfugiaient encore … De nombreuses associations, des scientifiques et des particuliers ont constitué un Collectif « Pour les Paysages du Massif jurassien » pour tenter de stopper ce massacre. Il y a urgence, de nombreux casse-cailloux qui se sont reproduits durant l’hiver, sont prêts à passer à l’action !

De vastes nouvelles prairies de raygrass et de trèfles… (Cabrel) sur un désert de cailloux, sans qu’il y ait des milliers de roses, que des cailloux broyés. Et vous pensez que ce monde est sérieux.

Oui le temps de certains paysages du Jura sont aujourd’hui comptés. Viens, la vache, viens l’abeille on va jouer au casse-cailloux !

Bonnétage – Destruction Haie